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Analyses transversales
Difficulté de la communication
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Image et représentationDès le début du volume I (page 28), le narrateur rappelle l'importance qu'a pour lui le problème de la représentation : « ...Ça nous a même replongés dans les problèmes liés à toute représentation, à l'image, à son statut, etc. En fait, ça nous a permis de nous remettre à nos préoccupations principales (...) ». Représentation en généralCette problématique se décline de multiples façons. D'une manière très générale, le narrateur s'interroge, explicitement ou non : Comment représenter l'unique en dessin ? Comment garder ce qui fait la force et la beauté d'un être, d'un tableau ? (Le narrateur compare la représentation d'un chef-d'uvre de Richter et celle d'un tableau de Binus, le portrait d'un jeune homme anonyme et celui de Dominique.) La problématique est particulièrement présente en bande dessinée, médium qui requiert une certaine stylisation du dessin. Une image revient de façon extrêmement fréquente pour symboliser cette importance de la représentation et du regard : celle de l'appareil photographique. La représentation de l'entourage du narrateurPlus concrètement, le sujet de la représentation
de l'entourage du narrateur/auteur est également sous-jacent à
lensemble du Journal. Art et réalité, droit à l'image
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Représentation de l'être aiméLe souhait de dessiner est-il pour Fabrice la raison ou la cause de l'amour ? Dessiner l'être aimé est d'une importance capitale pour lui. C'est peut-être par là, autant que par le récit d'événements intimes, que Fabrice se livre le plus à nous : dans ces dessins de Stéphane ou de Dominique, où l'amour est presque palpable. On pourrait penser qu'il suffirait à l'auteur, en plus de dissimuler les noms, de changer les visages et quelques détails anodins pour que son uvre perde son côté 'autobiographique' que certains trouvent gênant pour ses protagonistes. En voyant ces portraits de Stéphane et Dominique on peut se rendre compte de la vanité de cette proposition : l'auteur place une charge émotionnelle dans la représentation des êtres aimés qui serait impossible pour des personnages à l'apparence fictive. |
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Possession et image de l'autre, vampirisationFabrice dit avoir le besoin de représenter les
êtres qu'il aime. Ce désir, ce besoin, vont-ils jusqu'à
l'excès ? On raconte que les membres de nombreuses sociétés
primitives refusent de se laisser prendre en photo, par peur que l'appareil
photo ne capture leur âme. N'est-ce pas ce qu'essaie de faire Fabrice
Neaud avec les personnes qu'il aime ? Il semble en tout cas le
suggérer dans le court récit publié dans l'album
collectif « Vampires tome
2 ». Le regard et l'amourLa problématique du regard est récurrente dans le Journal : Fabrice Neaud s'offre aux regards de ses lecteurs ; il offre au lecteur son regard sur les autres, le lecteur partage souvent le regard du narrateur (utilisation récurrente de la caméra subjective). L'attitude de Stéphane et Dominique par rapport
au regard est peut-être un des traits qui résument le mieux
leur différence. Difficulté de la communicationUn autre des thèmes tenant particulièrement à cur à Fabrice Neaud est celui de la difficulté des relations humaines, les problèmes de communication. Difficiles relations humainesLe thème de la difficulté des relations ouvre les deux premiers volumes du Journal : la première phrase du volume II évoque une « malédiction sur cette ville », à savoir « peu ou pas de rapports humains ». Dès le début du volume I, la communication avec Alain semble de plus en plus difficile. Cette difficulté des relations humaines dans notre société est particulièrement illustrée par les rapports délicats qu'entretient Fabrice avec ses voisins. Dans le volume I (page 8), Fabrice déplore ne n'avoir pu établir de communication avec ceux-ci. Ce thème est développé dans le volume (4), dans lequel on voit Fabrice gêné par le bruit de ses voisins du dessus, dérangé par le sans-gêne de la famille d'à côté et agressé verbalement par un voisin acariâtre. Incommunicabilité de la souffranceCette difficulté de la communication s'exacerbe
lorsqu'il s'agit de partager une souffrance. Il est difficile de parler
de soi, de ses angoisses (ce qui est superbement représenté
dans les images du volume II, pages
60-61, où l'on voit Fabrice la bouche cadenassée face à
ses amis), ou plutôt pas vraiment de parler de soi mais de se faire
comprendre, de transmettre ses sentiments, sa souffrance. Isolement, atomisation de la sociétéCela renvoie chacun de nous aux difficultés que nous avons à écouter la souffrance de l'autre. L'atomisation de la société, l'individualisme forcené, poussent au repli sur soi, à l'isolement dans des bulles séparées de personnes qui se croisent pourtant tous les jours, à la lâcheté des témoins des agressions de Fabrice qui passent sans le secourir (volume III). Position du Journal'Pédé' et 'chômeur', Fabrice se trouve doublement en marge de la société. Il vit ainsi pendant plusieurs années (à peu près jusqu'à la parution du Journal (I) et à sa remontée racontée dans le Journal (4)) une situation de misère affective et sociale. On peut prendre le Journal comme une tentative d'exprimer
l'inexprimable, de dire cette souffrance, celle du narrateur sans doute
mais également celle de tous les exclus. |
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Souffrance et formeÀ la lecture du passage relatant la mort du père du narrateur dans le 'Journal d'un album' de Dupuy et Berbérian un membre de l'Association lâche : « ça manque de rythme ». « Moi, le journal d'Anne Franck, ça me fait chier, je trouve cela mal écrit », affirme Dominique... Faut-il travailler la forme pour rendre audible la souffrance ? Faut-il que la souffrance soit belle, bien écrite, correctement mise en scène, pour qu'elle nous touche ? Paradoxe du Journal : Fabrice critique ce genre de remarques et en même temps il travaille extrêmement la forme de son Journal. TraumatismeLe Journal souvre sur deux pages racontant un traumatisme,
sans rapport apparent avec la suite. Luvre est donc placée
sous le signe de lagression des autres, de la violence de la société,
du traumatisme. (On peut noter que ce passage fut sans doute dessiné
après les agressions relatées dans le volume
III.) On peut relever la récurrence des images où Fabrice
est en position ftale. Dans Vampires
II, Fabrice Neaud évoque même
une pathologie à son propos.
Toutes les images sont © Ego comme X
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