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JOURNAL (4)(Août 1995 juillet 1996) Le calme après la tempête. L'affaire Dominique est terminée, Fabrice continue la remontée de pente amorcée dans 'Tabula rasa', le dernier chapitre du volume III. La publication du volume I du Journal lui fait quitter son statut d'exclu social. Il se fait de nouveaux amis, en retrouve d'anciens (Céline). IntroductionLe volume III du Journal était si dense, si novateur, si fort sur le plan émotionnel, que l'on pouvait se demander ce qu'il était possible de faire après en conservant la même force et sans tomber dans la répétition. Dans ce quatrième tome de son journal Fabrice Neaud parvient à se renouveler en opérant à la fois des changements dans le fond, dans le ton et dans la forme. Changement au niveau du fond tout d'abord. Cela semble normal dans la mesure où la période traitée dans ce volume recouvre de profonds changements dans la vie de Fabrice. Ainsi il n'est plus question ici d'histoire d'amour comme celles des volumes I et III. Fabrice se sent moins exclu et connaît une vie sociale plus importante que les années précédentes. Enfin le premier volume du Journal est publié : Fabrice acquiert de ce fait une reconnaissance accrue en tant qu'auteur. Ce changement dans le fond est accompagné par des changements dans le ton et la forme. Dans le ton, dans la mesure où l'humour est plus présent que dans les volumes précédents et dans la forme dans la mesure où le dessin se diversifie. Fabrice Neaud ne change cependant pas de cap. Tous ces changements constituent des approfondissements des volumes précédents. Si certaines thématiques nouvelles apparaissent, d'autres ont déjà été abordées dans les trois premiers albums (ou dans les autres récits) et sont ici enrichies. De même Fabrice Neaud continue à explorer les possibilités du médium bande dessinée, par des réflexions théoriques d'une part (page 108, page 112, le monologue de Denis sur l'univers Marvel des pages 184 à 194, etc.) et un élargissement de sa palette narrative d'autre part (introduction de personnages caricaturés voire esquissés en plus du réalisme habituel). Quelques thèmes abordésLes amisUn des principaux sujets de ce volume est la rencontre et la découverte de nouveaux amis. Fabrice accepte de sacrifier à certains rites sociaux pour faire de nouvelles connaissances. Il reprend une vie sociale plus active. Il bénéficie de la sympathie de plusieurs cercles d'amis : les anciens, ceux d'Ego comme X, Xavier et Loïc principalement, et les nouveaux, ceux du Poney Club et du 'Nard à l'orange. À plusieurs reprises dans cet album, Fabrice Neaud laisse pendant quelques pages la parole à un de ses nouveaux amis : Richard dans les pages 145 à 149 et Denis de la page 184 à la page 194, pour un monologue sur les comics Marvel. Ce processus est intéressant : c'est toujours l'auteur qui s'exprime, forcément, mais non par la voix du narrateur comme c'est le cas le plus souvent, mais par celle d'une tierce personne. Art, représentation et créationUne nouveauté par rapport aux volumes précédents c'est la présence accrue du Journal en tant uvre en création. Fabrice s'immerge dans la réalisation de son premier album et nous livre à cette occasion de nombreuses réflexions sur le statut de uvre d'art, le processus de création. Ces considérations théoriques sur l'art et la représentation intéressent beaucoup Fabrice, il nous le disait déjà dans les premières pages du volume I ; les thèmes sont maintenant plus développés. |
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Lectures du JournalLe 'Journal' semble souvent mal compris. Fabrice Neaud précise en tous cas de nombreux points à son sujet. De tels éclaircissements sont notamment apportés à une lectrice lors d'une séance de dédicaces (pages 124 à 128), lors d'un entretien radiophonique entre Fabrice et un jeune dont la lecture du volume (I) semble rapide et superficielle (dans la scène fort savoureuse des pages 129 à 132) ou encore à l'occasion d'une petite mise au point sur des extrapolations hâtives dont peut souffrir le Journal (pages 195 à 200). La nature |
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L'horizon personnel du narrateur devient plus serein. Le Journal quitte un moment ses horizons urbains habituels (dans lesquels les espaces 'naturels' se résumaient le plus souvent au jardin public...) pour s'ouvrir aux beautés aux beautés des grands espaces. Ce volume nous offre en effet dans son premier chapitre une superbe promenade dans le pays basque (pages 31 à 51). Tout au long de ces pages muettes, l'auteur parvient à nous faire percevoir la beauté et la sérénité des lieux, du calme bucolique des champs aux espaces infinis du ciel et de la mer (en citant 'Le Cimetière marin' de Paul Valéry : "La mer, la mer, toujours recommencée"). L'utilisation d'une double page (les magnifiques pages 46 et 47) permet encore d'accentuer l'impression d'espace.
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Dans les pages 106 à 108, Fabrice joue avec les feuilles mortes de novembre, ce qui lui inspire de nouvelles réflexions sur la représentation...
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L'idéologie du sympaFabrice Neaud, emboîtant le pas à Renaud Camus, attaque avec virulence et régularité l' 'idéologie du sympa'. Qu'est-ce donc ? On trouve à la page 134 un début d'explicitation : « 'Sympa' finit donc par vouloir dire : cool, fun, modeste, ne pas se prendre la tête, léger, avoir de l'humour, être tolérant, ouvert, pas 'grave'... » Il s'agit plus ou moins des 'valeurs' imposées par le consensus mou ambiant, les codes qu'il faut respecter pour être considéré comme quelqu'un de bien. Ces normes vont le plus souvent dans le sens d'un nivellement par le bas des usages et de la réflexion, une superficialité 'assumée'. Toutefois, pour plus de détails sur 'l'idéologie du sympa' et aller au-delà des quelques lignes réductrices ci-dessus, il est préférable de se référer aux ouvrages de Renaud Camus, à son site Internet, Vaisseaux brûlés, aux interventions de Fabrice Neaud sur le forum de BDParadisio ou de la mdaBD, ou, bien entendu, au Journal... (On trouvera d'ailleurs ici une intervention de Fabrice Neaud dans laquelle il décrit avec beaucoup d'humeur l'idéologie du sympa.)
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Du réalisme à la caricatureFabrice Neaud diversifie son dessin. Il accentue parfois certains traits des personnages (comme la bouche de la fille des planches 117 à 119 pour insister sur son côté insupportable). Il va également plus loin en nous offrant les caricatures des principaux protagonistes. Nous avions d'ailleurs déjà eu des aperçus de cet aspect de son style lorsque l'auteur nous avait montré des extraits du fascicule 'Le Doumé' dans le volume III. Enfin, allant plus encore dans la stylisation, Fabrice se représente plusieurs fois, lors de ses monologues intérieurs, sous la forme d'une simple silhouette.
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Denis traité avec le réalisme auquel Fabrice
Neaud nous a habitués |
Légère accentuation de certains traits (ici la bouche) |
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Le même Denis traité de façon caricaturale |
Apparition de personnages schématiques |
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Fabrice Neaud parvient donc dans ce volume à nous offrir encore une fois un album exceptionnellement riche, beau et émouvant, approfondissant des thèmes qui lui tiennent à cur tout en renouvelant profondément son utilisation de la bande dessinée. Vivement la suite. D'autant plus que les prochains tomes devraient être également riches de surprises... |
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Une dernière remarque pour conclure : Pourquoi avoir abandonné la numérotation en chiffres romains ? En grande partie par souci de lisibilité. L'auteur avait peur qu'au tome XVII ou XXIV les lecteurs commencent à s'embrouiller... Toutes les images sont © Ego comme X
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