JOURNAL
(II)
Septembre 1993 décembre 1993
Plusieurs éditions chez Ego comme X (la première au premier
trimestre 1998), réédition le 13 avril 2022 aux éditions
Delcourt
Ce volume était intialement publié seul, puis groupé
avec Journal (I)
67 pages
Résumé
On pourrait parler d'un 'album de transition' entre l'album consacré
à la période Stéphane et celui consacré à
la période Dominique. Ces deux personnages sont d'ailleurs présents
dans ce volume : le souvenir de Stéphane est encore prégnant
et on voit déjà apparaître Dominique.
Après une ouverture sur la difficulté des
rapports entre les êtres, nous suivons le narrateur dans quelques
scènes de sa vie quotidienne : engueulade avec Alain, l'atelier
des Bras cassés, le projet de l'association/revue Ego Comme X,
un amant de passage, les petits boulots et la difficulté de l'insertion,
l'écoute de Fun Radio...
Ces scènes sont accompagnées de réflexions diverses
: amour et désir ; désir et dessin ; le danger de se mettre
en scène, avec son entourage dans ses bandes dessinées ;
les difficultés qu'il y a à confier ses malaises aux autres
; la difficulté pour un homosexuel de vivre dans une société
majoritairement hétérosexuelle ; les amours passées
de Fabrice, etc.
Genèse
Initialement ce tome devait inclure l'histoire de Dominique.
Mais vu l'ampleur que prenait l'ouvrage, et le temps qui s'allongeait
depuis la sortie du premier volume du Journal,
Fabrice Neaud et Loïc
Nehou, son éditeur, ont préféré scinder
cet album en deux, ce qui allait donner les volumes II et III. L'auteur
a donc pris les cinquante premières pages de son récit et
en a dessinées, pour compléter l'album, une vingtaine supplémentaire.
Ces planches comportent davantage de réflexions et de souvenirs
que d'événements contemporains et constituent une sorte
de pause dans le récit entre la 'période Stéphane'
et la 'période Dominique'.
Commentaire
C'est un album plus calme. Il n'y a pas de progression
dramatique forte, pas de fil narratif aussi apparent que peuvent l'être
les relations amoureuses dans les volumes I
et III. Ce rythme plus apaisé permet
de laisser davantage de place à des thématiques parfois
légèrement éclipsées par les aventures sentimentales
de Fabrice.
Ouverture
Une nouvelle fois l'ouverture de ce volume n'est pas anodine. La première
est une case pleine page représentant une voie ferrée. Le
dessin de telles voies est un des leitmotivs iconiques les plus fréquemment
représentés dans le Journal. Il a accompagné le départ
de Stéphane, il illustrera la rupture finale avec Dominique. Ici
il vient en appoint d'une déclaration, d'une crainte sur la difficulté
des rapports humains en général : « Il paraît
que sur cette ville plane comme une malédiction : peu ou pas de
rapports humains. Je n'y crois pas. Je ne veux pas y croire. Je me battrai
pour que ça ne soit pas vrai. »
Suit une première illustration des problèmes de rapports
humains et de communication : Fabrice appelle Alain pour l'engueuler,
celui-ci étant très en retard. « On sait toujours
ce que ça veut dire cette répétition quotidienne
d'un même manquement à la moindre des politesses : Formulation
non-verbale d'une communication qui n'opère plus verbalement. »
Communication
Cette problématique de la difficulté à
communiquer revient tout au long de l'album. Notre société
rencontre le paradoxe suivant : plus on communique (média, téléphone,
Internet), moins le contact se crée. On a à la fois l'excès
de partage, les épanchements incontrôlés de 'Love
in fun' et la méconnaissance des gens qui habitent un étage
au-dessus de nous. Difficultés à trouver un mode de travail
dans un espace commun à l'atelier des Bras Cassés, sourde
oreille des administrations face aux difficultés de Fabrice, inexprimabilité
de la souffrance de l'exclusion, perte de valeur des confidences les plus
intimes...
Ce dernier thème donne d'ailleurs lieu à une belle métaphore
iconique (pages 60 et 61) : Fabrice est successivement face à Loïc,
Xavier, Alain et Laure et il est à chaque fois un peu plus bâillonné
et enchaîné...
Toutes les images sont © Ego comme
X
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