« Du Crime »
Ce récit fait partie de la 'trilogie' " Du
Crime ", avec un chapitre du volume III et le récit
publié dans le quatrième numéro de Bananas.
Les liens entre ces trois différents passages
ne sont pas forcément évidents. Cet ensemble assez complexe
mérite des lectures répétées et fait naître
plusieurs questions.
Quel(s) crime(s) ? La mise en scène par Fabrice de Dominique dans
son « Doumé » ? La supercherie du faux pédiatre
? La vision et re-vision de la cassette vidéo du même faux
pédiatre ? Les agressions dont Fabrice est victime ?
Et surtout qui est le criminel ? Les personnes qui sont témoins
de l'agression de Fabrice et passent sans réagir ? Les amis de
Dominique qui compliquent la situation ? Les amis de Fabrice qui ne parviennent
pas à le comprendre et le laissent s'enfoncer dans sa crise dépressive
et angoissée ? Et si le criminel, le monstre, c'était plutôt
Fabrice ? Fabrice, qui tombe amoureux de Dominique alors que celui-ci
est hétérosexuel ? Fabrice qui met en scène des personnes
de son entourage dans ses récits ? Et qui est la victime ? Fabrice
également ? Incarnant les deux rôles, il est victime à
ses yeux mais sans pouvoir en partager la sensation avec les autres et
criminel aux yeux des autres. Problème de la décrédibilisation
des victimes, du sacrifice du bouc émissaire.
Fabrice est condamné par l'ensemble de la petite
bande. On ne lui reproche pas d'être homosexuel, la 'tolérance'
l'interdit. En revanche, on lui reproche la façon dont il 'exprime'
son homosexualité : impudeur, vulgarité, agressivité...
L'expérience de Milgram est rappelée en
exergue du récit d'Ego comme X, l'agression de Fabrice est le fait
de la société dans son ensemble, de la lâche non-intervention
des passants. Cette société qui le rejette, comme pour décrédibiliser
cette victime (on prend soin de lui faire remarquer, lorsqu'il porte plainte
au sujet de ses agressions qu'il est dangereux de se promener dans le
jardin de nuit...).
Les images sont © Ego comme X
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