Influences

Les influences de Fabrice Neaud ne sont pas forcément là où on les attendrait le plus.

Ses premières lectures marquantes furent Valérian et le Vagabond des limbes (voir la citation) et il apprécie beaucoup les histoires de super-héros, dont il peut parler longuement, notamment sur les forums de discussion (voir un extrait). Parmi les bandes dessinées qui l'ont marqué, il évoque souvent 'Cages' de Dave McKean ou l'oeuvre de Taniguchi, notamment 'L'homme qui marche'.

Il cite avec respect, au détour des pages de son Journal, quelques précurseurs de la bande dessinée autobiographique, Baudoin, Jean-Christophe Menu et son 'Livret de phamille', Dupuy & Berbérian et leur 'Journal d'un album'. Il voue également une très grande admiration au 'Conte démoniaque' d'Aristophane, dont il a écrit une intéressante analyse dans la revue Critix.

Mais une des principales, voire la principale, influence de l'oeuvre de Fabrice Neaud est à chercher hors du domaine de la bande dessinée. Il s'agit de Renaud Camus, écrivain français contemporain, méconnu voire snobé. Dans son Journal, Fabrice Neaud parle de 'jouissance littéraire en perspective' lorsqu'il envisage de lire 'Aguets', journal de Renaud Camus pour l'année 1988. Cet auteur inspire Fabrice Neaud autant au niveau du mode de narration (il fait régulièrement paraître des tomes de son journal) qu'au niveau des thèmes abordés ou de certaines visions de la société actuelle. Le combat contre l' 'idéologie du sympa', la lutte contre la perte des usages dans la société actuelle, le 'point de vue de Sirius' évoqué par Fabrice Neaud sur un forum Internet de bande dessinée ou même certaines phrases (« Il n'y a pas de goûts ! mais que des niveaux culturels ! », dans Ego Comme X n°5) proviennent des oeuvres de Renaud Camus.

Ce qu'en dit l'auteurSes influences ne peuvent se résumer à l'univers de la bande dessinée ou de la littérature. Ainsi de nombreux personnages déformés, voire à moitié effacés, peuvent évoquer les tableaux de Francis Bacon. Il affirme aussi être très influencé par quelques musiciens, Jean-Sébastien Bach et Gustav Malher notamment. Ceux-ci l'inspirent entre autres en ce qui concerne le rythme de ses récits.

Haut de la page

Citations

Fabrice Neaud s'inspire ouvertement des oeuvres de ces divers artistes et n'a jamais cherché à cacher ce qu'il leur doit. Il revendique ses sources d'inspiration au cours de ses interviews et les cite, plus ou moins explicitement, tout au long des pages du Journal.

Dans le volume III il s'inspire notamment de 'Cages' de Dave McKean à au moins deux reprises. La première fois est la plus explicite : lors de la première discussion au café entre Fabrice et Dominique, les images se déforment et tournoient comme lors d'une autre discussion dans un café, celle du couple au chapitre 7 de 'Cages'. Fabrice Neaud dit également s'être inspiré de la construction de la scène d’émeute de l’écrivain du chapitre 9 de Cages pour la diatribe des pages 264 à 284 (interview sur BD Sélection).

En plus de ces influences qui traversent toute l'oeuvre, on peut repérer dans le Journal un nombre considérable de citations, plus ou moins explicitement signalées comme telles. Elles sont très diverses : tableaux célèbres (en premier lieu la création d'Adam par Michel-Ange) ou moins connus (certains tableaux de Richter, des portraits de musiciens (Bach, Malher), des images riches de sens (une madeleine, pour évoquer celle de Proust, et, par métonymie, la 'Recherche du temps perdu'), des phrases entières (« la mer, la mer toujours recommencée », extrait du 'Cimetière marin' de Paul Valéry dans le volume 4), etc. Fabrice Neaud parvient à intégrer tous ces éléments disparates et à rendre le tout parfaitement homogène.

 

 

Le Christ du Jugement dernier, de Michel-Ange, sur le mur de la Chapelle sixtine
Fabrice se sent jugé en un regard par Dominique, au début du volume III

 

La Sybille de Delphes, de Michel-Ange, sur le plafond de la Chapelle sixtine

La main de Dieu et celle d'Adam, dans la Création du monde, de Michel-Ange, sur le plafond de la Chapelle sixtine
Cette image est une des métaphores de la relation entre Fabrice et Stéphane dans le volume I

 

'La Tentation de Saint Antoine', de Grünewald
Ce tableau est cité à de nombreuses reprises, par morceau puis en entier, dans le volume III, pour évoquer monstres, angoisses et victime

 

'Room in New York', d'Edward Hopper
La solitude dans nos villes modernes

 

La pochette du disque 'Tabula rasa' d'Arvo Pärt
Cette citation renvoie à la fois au titre de l'album, qui s'applique très bien à la fin du volume III et au début du volume 4, et à la musique, qui aide à cerner l'état d'esprit du narrateur

La pochette de 'Different trains' de Steve Reich
L'image de la voie ferrée, maintes fois reprise dans le Journal

 

 

On pourrait en relever beaucoup d'autres : la piscine de David Hockney, un tableau de Roy Lichtenstein, etc.

Ces citations peuvent avoir plusieurs fonctions : parfois simples hommages, elles servent souvent à enrichir le sens de ce que dessine Fabrice Neaud en apportant une idée supplémentaire, parfois non visuelle. Ainsi l'image de Malher vient souligner « la force de ses symphonies ». (Les citations purement visuelles sont évoquées dans le paragraphe sur les métaphores iconiques.)

 


 
Retour à la page d'accueil
Page précédente
Page suivante
Haut de la page