Carnets (1)
Fabrice Neaud consigne,
presque quotidiennement, son journal dans une série de carnets.
Jusqu'à environ 1997, Fabrice
Neaud tenait ce journal quotidien essentiellement sous forme
écrite. Quelques croquis étaient insérés.
Progressivement les dessins prirent plus de place. Finalement ces carnets
se mirent à ne contenir presque plus que de la bande dessinée.
Chaque page se présente généralement comme un gaufrier
de 3 strips contenant chacun trois cases.
Fabrice Neaud se sert également
de ces carnets pour noter des idées concernant les planches qu'il
est en train de dessiner (story board de quelques pages, croquis...)
ou d'autres projets très divers.
Il a lui-même évoqué ces carnets
sur une forum :
« Tout d'abord, il y a plusieurs "couches"
de travail qui peuvent se résumer à deux (sinon mes explications
ne seront plus simples ni courtes
). La première est une
prise de notes, sur le vif et directement en bande dessinée
Ce sont des "carnets de bord" mais où je "pense"
déjà les notes elles-mêmes en séquences (pour
faciliter le travail). La dernière couche, c'est la réalisation
des planches, celles qui seront publiées. Entre les deux, une
sélection, évidemment, mais pas d'"édulcoration".
Ce qui est noté sera dessiné et raconté mais avec
l'application d'une "forme" (nous savons bien que tout récit,
même autobiographique, est transposition).
Donc, en résumé, des notes brutes puis
la transformation en BD publiable, tout "simplement".
Cela occasionne un décalage, oui. Mais je me
suis rendu compte que ce décalage n'était pas nocif, au
contraire et me permettait de mieux mettre en forme et de gérer
ce qui devait rester "à vif" et ce qui nécessitait
d'être "calmé" (ce qui devrait suffire à
couper la chique à tous ceux qui croient que ce Journal est dessiné
comme ça me vient, comme ça me chante et que le résultat
n'est qu'un étalage d'humeurs
). Résultat, un travail
sur la "forme", encore une fois (ensuite, c'est de la technique
classique de récit - champ/contrechamp, gros plan ou pas pour
tel ou tel effet, mise en scène ou cartouche de pensée
introspective, chapitres ou non, etc.).
Ce décalage a l'avantage de me permettre de
mieux gérer mes figures (portraits d'autrui, "caractères",
etc.) mais un inconvénient que vous avez noté : il croît.
Il faudra en effet que je trouve de nouvelles solutions narratives pour
aller "plus vite"
Nous en sommes à 10 tomes virtuels
de 200 pages en chantier jusqu'à aujourd'hui
Rassurez-vous,
j'ai encore quelques lapins dans mon chapeau magique
»
(Fabrice Neaud sur le forum
de BDParadisio, le 11 juillet 2003)